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Une tranche de vie au Panama

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27 juin 2019

Juin, ne fais pas le malin

orage

Au moment où je vous écris, il y a de nouveau un énormissime orage, comme je n'en ai vus qu'au Panama (bien que cela existe sûrement ailleurs...). La pluie (les trombes d'eau dirais-je) permet de retrouver une certaine fraîcheur. Mais quand elle s'arrête, c'est moins agréable avec une humidité à 150%. Le ciel est plus brumeux à l'horizon sur la mer et le passage de la saison sèche à la véritable saison humide me rappelle un peu le mois de novembre en France avec son passage automnal des beaux jours au froid gris.

panama-sous-l-orage-1932341297-1623271 Pourtant ce n'est pas la rentrée, mais la fin de l'année pour la plupart des écoles internationales : Cela fait déjà 15 jours que beaucoup de familles expatriées sont parties retrouver leur mère patrie ou  profiter d'un climat plus clément. Pour les autres écoles, ce n'est que le 1er trimestre qui s'achève. 

Mais je vous rassure, il fait toujours 30 degrés et 100% d'humidité. On se baigne dans la piscine sous la pluie ou bien on fait la danse en maillots de bains sous les gouttières. La nature et les pelouses continuent à reverdir +++

J'ai pris l'habitude (et même un certain plaisir) à pratiquer mes cours de yoga en suant à grosses gouttes : c'est un vrai detox physique et mental.transpirer

 

Mais pour nous aussi, c'est dans quelques jours le retour (temporaire) en France. Tout le monde a hâte! Malgré cela, en regardant le chemin accompli depuis septembre, force est de constater que nous avons tous pu trouver un nouvel équilibre, rencontrer et se faire de nouveaux amis, adapter nos activités, notre rythme familial, découvrir de nouvelles cultures. En arrivant dans un nouveau pays, et en rembobinant la pellicule de juin à septembre, il est facile de voir la quantité de choses que l'on fait et qui peuvent se passer en une année scolaire, car tout ce que nous avons vécu au Panama correspond à ce que nous avons vécu cette année.

yes

En février, à la question "Qu'est-ce-que cela vous fera de rentrer au Panama après les vacances?", la réponse était un gros blues...et aujourd'hui, je suis heureuse d'entendre les enfants me dire qu'ils seront contents de retrouver les amis qu'ils se sont fait et leur école.

Et je dois dire que moi aussi j'aurai beaucoup de plaisir à revenir en septembre bien que l'intégration n'ait pas été facile. Je leurs redis régulièrement (et à moi aussi) qu'ils peuvent être fiers de ce qu'ils ont traversé. 

J'essaierai de vous raconter d'autres pages du Panama depuis la France.

Bel été à tous!

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24 juin 2019

La destinée improbable d'un petit chapeau

The Panama hat!En voyant tous ces chapeaux blancs lors de la finale de Roland-Garros, et puisque certains me l'avaient demandé, je me suis dit que c'était de saison de vous parler du chapeau Panama et de son histoire. 

Une fois de plus, le canal de Panama a joué un rôle primordial dans cette histoire et je ne me prive pas de l'envie de vous la raconter.

Revenons un peu en arrière dans le temps. Fin du XIXeme siècle: Fredinand de Lesseps, éminent diplômate français de l'époque, jouit d'un très grand prestige acquis par le succès de la construction en 10 ans du Canal de Suez (1859-1869).

Ferdinand De LessepsFort de cette réussite, l'ambitieux diplômate, souhaite réitérer son entreprise au Panama en réalisant le canal imaginé depuis déjà le XVIème siècle, et sans écluses (comme à Suez). Les travaux commencent en 1880 grâce à une collecte de fonds géants à la Bourse de Paris. Quand vous viendrez au Panama, vous pourrez visiter l'excellent musée du Canal qui raconte avec beaucoup d'illustrations et de photos cette période. Mes les travaux s'enlisent. Les ouvriers meurent par milliers dans ce pays qu'ils finissent par considérer comme maudit, ignorant encore que les moustiques sont responsables des mystérieuses maladies qu'ils contractent (fièvre jaune et malaria). 12 ans après leur arrivée, en 1892, 20 000 ouvriers sont morts. Après avoir tenté d'ouvrir plusieurs canaux côté Atlantique, les français -ceux qui ne sont pas morts- rentrent au pays, laissant derrière eux un cimetière français, pas loin du quartier où nous habitons. Ferdinand de Lesseps meurt 2 ans après, en 1894, ruiné et condamné pour trafics d'influence. En quittant le Panama, il laissse à un ingénieur français des Ponts et Chaussées, Philippe Bunau-Varilla, le soin de continuer à représenter la Compagnie Universelle du Canal Transocéanique qu'il avait créée.

Le Panama fait alors à cette époque encore partie de la Grande Colombie fondée par Simon Bolivar.

Les Etats-Unis de Colombie créés par Simon Bolivar

Mais il souhaite prendre son indépendance. C'est alors que Philippe Bunau Varilla  fait entrer en scène les Etats-Unis. Il comprend qu'ils ont de l'argent et une armée dont il a besoin pour soutenir les insurgés.

Il mène donc une campagne de lobbying intense auprès des américains afin qu'ils construisent un canal là où les français avaient tenté de le faire, et non pas au Nicaragua comme ils le projetaient alors. L'Histoire raconte que l'astucieux ingénieur français convainquit le Senat américain en montrant les images du volcan Momotombo dont les coulées de lave avaient recouvert le tracé envisagé.

Philippe Bunau VarillaLe 18 novembre 1903, convaincus par l'idée du canal à Panama, Philippe Bunau Varilla (déclaré ministre plénipotentiaire de la nouvelle république du Panama pour son soutien aux insurgés) et le secrétaire d'Etat américain John M. Hay signent le traité de Bunau-Varilla-Hay. Par cet accord, les Etats-Unis promettent secrètement d'aider les panaméens dans leur guerre d'indépendance, et gagnent en échange une concession de 1432 km2 (soit une bande de 8,1 km) renouvelable tous les 100 ans (!) sur le tracé de l'actuel canal.

La "Zona Revertida"

Il n'y aura cependant pas eu besoin de guerre pour que le Panama obtienne en parallèle son indépendance : La Colombie, par simple télégramme, informera, quelques jours avant le Panama (Le 4 novembre 1903), qu'il lui accorde son indépendance. La Colombie n'avait en effet que peu de considération pour cette péninsule excentrée et maudite, où l'on mourrait sans explication...

La voie est libre pour les Américains. Le canal sera construit en seulement 10 ans et mis en service le 15 août 1914, juste avant la première guere mondiale. Ils garderont la concession totale de cette zone, véritable enclave américaine scindant le Panama en deux, jusqu'en 1977. Ce n'est qu'à cette date avec la signature des accords Torrijos-Carter que sera initiée la récupération progressive de cette zone par le Panama sur 23 ans. Au 1er janvier 2000, la zone du Canal est rendue complètement et définitivement au Panama. C'est pourquoi cette zone est encore aujourd'hui communément appelée ici "Zona revertida" : la zone rendue (aux panaméens). Le pays est donc complètement indépendant uniquement depuis l'année 2000...

Mais revenons en 1903. Les français ont largement échoué dans la réalisation du canal mais ont laissé les premiers travaux côté Atlantique en bon état. Les américains en ont aussi tiré des leçons, la première étant que des écluses sont indispensables à un projet financièrement réalisable. Ils profitent également d'équipements plus modernes, valorisent l'utilisation du chemin de fer déjà existant, et mettent à profit les récentes découvertes en médecine, qui tombent à point : En 1897, le médecin anglais Ronald Ross prouve que les moustiques sont vecteurs de la malaria (jusqu'à cette date, le « mauvais air » émanant des marécages était tenu responsable de la propagation de la maladie d'où son nom) et en 1901, Walter Reed, médecin américain prouve la transmission également par les moustiques de la fièvre jaune. Et même si les vaccins ne sont pas encore découverts, les américains commencent donc par couper toute la mangrove, faire des fumigations intensives et installer des moustiquaires pour tous les ouvriers, ce qui préserve drastiquement leur santé. Plus de seau d'eau pour rafraichir les chambres comme le faisaient les français.Ouvriers espagnols au début du XXeme siècle

Malgré tout, les ouvriers venus du monde entier restent méfiants. En novembre 1906, Roosevelt, alors président des Etats-Unis, décide d'aller inspecter le chantier pour motiver les travailleurs. Il proclame un discours resté célèbre ici au Panama : https://www.wdl.org/es/item/7060/. Durant des heures, il arrangue la foule et motive les ouvriers sous un ardent soleil. Tous ont des chapeaux qui illustrent d'où ils viennent, les mexicains, les espagnols, les equatoriens, etc. Alors pour montrer qu'il est des leurs, Roosevelt saisit le chapeau du premier ouvrier qui est à ses côtés: un équatorien d'une région du sud. Les images font le tour du monde avec Roosevelt et son chapeau. Et le petit chapeau équatorien devient pour tous le chapeau "Panama", symbole d'unité et de fierté. 

Astucieusement, les équatoriens ont accepté de le prénommer désormais ainsi mais ils continuent à le fabriquer. 

Des chapeaux panama dans un magasin équatorien

Le terme panama ne s'applique pas à une forme mais à une matière : la fibre de jeunes pousses de palmiers d'Équateur. Originellement, il se fabriquait exclusivement en feuilles de bombanaxa.

Certains modèles de panamas, très fins et de haut de gamme, peuvent se plier et se rouler sans perdre leur forme, ce qui est leur principale caractéristique. D'autres modèles, d'aussi bonne facture, reçoivent un apprêt qui les empêche d'être roulés, leur paille étant rigidifiée afin que la forme d'origine se conserve pendant plusieurs années. Le fait que ce chapeau ait été porté par de prestigieux chefs d'État et des stars de cinéma contribua à ajouter au prestige et à la légende du chapeau de paille le plus célèbre qui soit. Ce produit, tissé entièrement à la main, se trouve à tous les prix selon la finesse de la paille : certains modèles comme le panama Montecristi extra fino peuvent dépasser les mille euros.

31 mai 2019

Conduire (dans les règles) ou se faire conduire

Premier petit article de la catégorie, savoir comment et où se déplacer quand on arrive dans un nouveau pays est souvent une condition préalable pour s'intégrer. 

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Pour ma part, au Panama, j'ai d'abord amplement utilisé Waze et Google maps pour me guider dans cette ville de Panama City qui n'est pas immense mais tout de même assez pour se perdre. Cela m'a permis de repérer les principales avenues. Et oui car ici, les panneaux de direction indiquent surtout les grands axes et assez peu les quartiers : si on ne connait pas quelles avenues mènent à quels quartiers on est un peu fichu... C'est un peu comme si à Paris, les panneaux indiquaient comme directions "Rue de la paix" au lieu de Opéra ou "Rue du faubourg St Antoine" au lieu de "Nation"...

Quelques repères pour ceux qui voudraient conduire ici: L'Avenida Balboa et la Cinta Costera longent la mer et relient l'est à l'ouest de la ville. L'Avenida de los Martires mène au Pont des Amériques qui traverse le Canal ; l'avenida Omar Torrijos longe la rive ouest du canal et mène à mon quartier (celle là je l'ai vite apprise...); l'avenida Israel mène au quartier assez jeune et branché San Fransisco ; Le corredor Sur est une sorte de périph' payant qui prolonge l'avenida Balboa pour rejoindre les quartiers Est de la ville ; Le corredor Norte longe la limite Nord de la ville et rejoint aussi les quartiers Est.

Et puis il y a aussi les avenues qui ont changé récemment de nom: dans San Fransisco, les rues ne sont plus numérotées Calle 73, à l'américaine (73rd street), mais ont pris des noms de rue classique...

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On remarquera que les quadrillages ne sont pas tous orientés de la même façon...

En plus de ce repérage, il est utile de savoir les sens de circulation ou jours de fermeture de certains axes principaux pour ne pas se retrouver bloqué ou faire des détours immenses. En septembre, nous avons mis 3h à rentrer de l'Ouest de la ville car le pont des Amériques (principal pont du canal) est fermé le dimanche soir....Les 4 voies du pont des Amériques changent de sens de circulation tout au long de la journée et du jour de semaine en fonction du trafic.

Passée cette étape, il faut savoir comment se déplacer. A Panama City, bien que l'essence ne soit pas très chère (moitié du prix français environ), beaucoup de personnes n'ont pas de véhicule pour se déplacer. Aussi, on peut utiliser (du moins cher au plus cher) :

- pour pas cher du tout les Diablo Rojo (= anciens camions transformés en bus, très colorés): il ne faut pas être agoraphobe, ni pressé...

- ou bien le MetroBus (qui est un bus, pas un métro), assez ponctuel et régulier,

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- il y a aussi le métro (MétroBus aussi): La 2eme ligne vient d'ouvrir en avril 2019 (construite en partie par Alsthom et NGE, l'entreprise de Thomas) et la construction de la ligne 3 sera réalisée par les chinois prochainement. 

- Puis les minibus qui réalisent tout le temps le même trajet mais s'arrêtent où on veut pour monter ou descendre,

20190531_075848- Les taxis autorisés (= taxis jaunes) souvent en pas très bon état, mais nombreux,

- Les taxis non autorisés (= uber, cabify, etc.) qui sont en très bon état et moins chers que les taxis jaunes. 

- La voiture de son voisin (le covoiturage peut aussi marcher par ici)

- Sa propre voiture. Assez rapidement, on se rend compte qu'il est utile d'avoir une voiture au châssis assez haut, car dès qu'il pleut, le drainage des routes est très peu existant et on se retrouve à rouler dans 20 cm d'eau. Avec les nids de poule en prime, cela explique que beaucoup de gens roulent en SUV ou en 4x4. Cela permet aussi de sécuriser sa petite famille car il y a beaucoup d'accidents routiers (et mieux vaut ne pas avoir une Nissan Micra).

Oui mais voilà! J'en viens à un autre sujet : comment être autorisé à conduire ? C'est une bonne idée de se renseigner...Au Panama, les étrangers ont le droit de conduire 3 mois avec leur permis étranger, à partir de la date de leure dernière entrée au Panama (tampon dans le passeport). Mais si on est résident panaméen (ce qui est maintenant notre cas), il faut avoir un permis de conduire panaméen. Pour cela, soit on fait une équivalence de son permis français (et là, les traductions des documents peuvent prendre plusieurs mois, voire un an), soit il faut repasser son permis : Oh my God, c'est ce que j'ai choisi de faire !😬

Avec Thomas, nous avons studieusement fait nos 10h de code sur internet depuis la maison et obtenu notre diplôme. On se présente donc au Sertracen (le centre de passage du permis) où il faut

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1. se faire enregistrer 2. faire un examen de la vue et de l'audition 3. Repasser 10 questions de code 4. passer un petit examen théorique avec sa voiture (qu'on a le droit d'apporter même si on n'a pas son permis...).

La première fois, mon diplôme de code avait été édité au mauvais nom (Aurélie Malbrunot), or ce doit être exactement le nom du passeport (pour moi Aurélie Malbrunot ép. Berger) --> Retour à la maison...3 semaines pour recevoir le diplôme bien écrit...

La deuxième fois, mon diplôme était tout beau ! Facile me suis-je dis ! Mais au guichet, mon diplôme n'était pas enregistré dans la base...Quelques coups de fils et 2h plus tard, c'était fait. J'entends alors la guichetière demander "c'est quoi "ép."? Oh non...Ouf ça passe.

Mon audition et ma vue vérifiées, je suis donc entrée dans la salle de code. J'avais bien potassé le Décret n°640 (65 pages en espagnol, caractère 8) avec tous ses chapitres : les 10 pages de rappel du vocabulaire, le chapitre sur les transports collectifs, les camions, même celui sur les véhicules à traction animale, sur les stationnements autorisés, et sur le montant des amendes en fonction de l'infraction.... Ah ah ils ne m'auraient pas, j'avais bien tout révisé! A quelle distance peut-on se garer d'une intersection ? Fastoche! 5 m ; et d'une borne incendie ? Re-fastoche 10 m? et à distance d'une voiture garée de l'autre côté de la rue ? 9 m évidemment ! Et les limitations de vitesse ? Quelle vitesse sur une avenue à chaussées multiples ? Ben maxi 50 km/h à droite, 60 km/h au milieu et 80 sur la chaussée de gauche. Mais attention! pas moins vite que la moitié de la vitesse maxi de la chaussée !

Bref, j'avais tout prévu...Mais j'ai eu des questions encore plus complexes que prévu : Combien de temps avez-vous pour faire un recours auprès du tribunal quand un policier vous a dressé un PV? 24h? 5jrs? 8jrs? aucun des 3?...Heu, zut, me souviens plus de la page 60...bon, ben au pif...Quels éléments devez-vous avoir en bon état sur votre voiture pour être autorisé à rouler? Les jantes des pneus? Les bougies? Aucun des 2?...zut, j'aurais bien dis les 2 à la fois...bon re-au-pif....Quelle est la 2eme instance régulant le trafic? La police de transit? La municipalité? Le tribunal juridique?...heuuuuuu....Quel est le montant de l'amende pour non port de la ceinture de sécurité?...heuuuu....A quelle distance peut-on faire un feu d'un véhicule transportant de la dynamite? 5m? 9m? 10m? Autre?...heuuu...autre? A quelle vitesse pouvez-vous conduire en feux de position sur route si vos feux de croisement ne marchent plus? 55 km/h? 100? 30? Autre?...heu...Bon j'arrête là. La chance n'a pas été de mon côté cette fois, il faut avoir 7/10 mais mon pifomètre ne m'a donné que 5/10...pour la prochaine fois, j'ai découvert qu'il y avait des annales sur internet...rdv dans 15 jours pour repasser la théorie. J'espère que la 3eme sera la bonne!

En attendant d'avoir le fameux Graal, je fais bien attention de présenter la page de mon permis qui a les tampons d'entrée les plus récents (de moins de 3 mois, puisque je suis allée au Guatemala il y a moins de 3 mois) et je montre mon permis français (et surtout pas ma carte de résidente)... et puis j'enlève mes lunettes de soleil et je fais un beau sourire au policier en parlant le plus mal possible l'espagnol. (Oui je sais c'est pas bien, mais on s'arrange comme on peut....je me déculpabilise en me disant que je conduis beaucoup plus prudemment que la plupart des panaméens...). Il y a aussi la méthode du petit billet glissé dans le passeport au moment de le tendre au policier, mais ça marche surtout avant Noël et la rentrée scolaire quand les policiers ont besoin d'argent...et puis les transports collectifs, c'est bien pratique tout de même!

16 mai 2019

Chez les indiens Emberas

Samedi dernier, nous avons fait une sortie assez originale avec les enfants, bien qu'assez facile à faire ici : Nous sommes allés passer une journée dans un village d'indiens Embera pas loin de Panama City.20190511_102515

 

Il y a au Panama 7 ethnies d'amérindiens. Nous avions déjà croisé des indiens Guna dans Panama City et dans les iles San Blas. Notre guide nous a expliqué que les ethnies présentes au Panama étaient toutes rattachées à la famille des indiens Caraïbes mais qu'aucune n'était originaire d'ici. En effet, les indiens Caraïbes sont constitués d'ethnies qui habitaient originellement au bord de la mer des Caraïbes (à prendre donc au sens littéral du terme car c'était leur mer) et qui vivaient essentiellement de pêche et de chasse. Mais la plupart de ces ethnies Caraïbes ont disparu totalement quelques dizaines d'années seulement après leur découverte par les espagnols. C'est ainsi que les ethnies qui vivaient originellement au Panama ont toutes été décimées (esclavage, maladies) une trentaine d'années après la découverte de l'isthme en 1513. Seules les ethnies d'autres pays qui se sont réfugiées en retrait dans la jungle, ont survécu en adaptant leur mode de vie, basé sur l'agriculture et la chasse, très différent de leur vie  d'origine sur le littoral. En particulier, de nombreux amérindiens (environ 60 000 aujourd'hui) se sont réfugiés dans l'épaisse jungle du Darien à la frontière entre la Colombie et le Panama. 

Puis, plus récemment, afin de réduire les distances avec la ville et faciliter la vente de leurs produits, un certains nombre d'ethnies réfugiées au Darien ou dans d'autres pays, sont venues vivre au Panama, où elles ont trouvé la proximité de la ville et de son marché, ainsi que des conditions écologiques proches de celles du Darien (même flore, même faune avec des lacs et des rivières). Ainsi le village que nous avons visité se trouve au bord du Rio Chagres, la plus importante rivière du Panama, à environ 1h30 de Panama City.

Depuis que le Rio Chagres a été déclaré Parc National en 1984, il est interdit de défricher ou de semer. Incitée par le gouvernement, cette communauté, comme une vingtaine d'autres Embera au Panama, a donc choisi de vivre du tourisme pour pouvoir rester implantée dans ce lieu. Le gouvernement subventionne un ou deux instituteurs dans ce cas. Les communautés qui n'ont pas fait ce choix ne recoivent pas de visiteurs et font les allers retour vers des lieux où ils peuvent travailler (usine à béton par exemple).

A 40 km au Nord de Panama City, nous avons remonté le fleuve en pirogue à moteur depuis le port du lac Alajuela. Une sacrée dextérité car il n'y avait pas plus de 10 cm d'eau dans la rivière du fait de la fin de la saison sèche. Le piroguier à la proue indiquait le fil d'eau et poussait la pirogue avec un palan dans les rapides. AU port du lac AlajuelaC'est partiLe piroguier à la proue

Au bout d'une heure et quart, nous avons été accueillis au son des tambours, flûtes et autres percussions (dont une à base de carapace de tortue...). L'arrivée dans le village

20190511_112156Après nous avoir parlé de leurs coutumes et expliqué leur organisation, ils nous ont montré leurs huttes fabriquées entièrement en bois à la machette, sur pilotis pour se protéger des inondations et des animaux. 20190511_113901

Nous avons rencontré le guérisseur, le fondateur du village, 80 ans, botaniste reconnu même par les médecins de la médecine occidentale.

Les femmes avaient préparé des patacones (morceaux de bananes écrasés puis frits) et du pilatia grillé fraichement pêché dans la rivière, servis dans des calebasses. Pour digérer tout ça, nous sommes allés prendre un bain délicieux dans la rivière. Les enfants se sont ensuite fait faire des tatouages. Ces dessins géométriques sont une des traditions les plus anciennes de ces indiens, avec une encre végétale noire, jus tiré du fruit de l'arbre appelé jagua.

Enfin la communauté nous a présenté des danses et des musiques traditionnelles. 20190511_141229

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En quittant ce petit lieu, et aujourd'hui, en me remémorrant le visage des jeunes filles, de ces beaux jeunes hommes et vieillards, de ces enfants pas plus grands que les miens, ces bébés, je me suis demandée combien de temps ce village pourrait encore garder ses coutumes. Cela peut certes paraitre un peu surfait, mais j'ai resenti beaucoup d'authenticité dans ces sourires, une réelle joie de vivre dans la jungle. Ils m'aident à me rappeler qu'il est bon de trouver un mode de vie proche de la nature et surtout plus lent, à mille lieues de notre société tant basée sur la rapidité. 

 

14 mai 2019

Avril...ne te recouvre pas d'un fil ; Mai...pluie me plait

Ouh là là, presque un mois que je n'ai pas pris la plume...Que de choses à raconter ! Je commence par l'ambiance générale de ces derniers mois. 

Comme les dictons l'indiquent, Avril a été encore plus chaud que Mars (que je pensais déjà être au summum). Une vraie cocotte minute ce mois d'avril : 33-35°, le ciel se couvre, on croit qu'il va pleuvoir, mais non, il n'y a que nous qui suons à grosses gouttes, car l'air est malgré tout de plus en plus humide. Impossible de tenir en plein soleil. Les pelouses sont archi grillées. Les flamboyants et jacaranda en profitent pour exprimer leurs couleurs les plus vives, comme dans notre jardin, ou dans le proche cimetière américain. Les manguiers très nombreux même en ville sont gorgés de fruits; les voisins en donnent en plaçant des corbeilles devant leur maison ; on en ramasse en attendant le bus ou en rentrant de promenade. C'est aussi la saison des amours pour les animaux, oisillons et bébés ñeke se promènent dans notre jardin.

Flamboyant de notre jardin

La pluie revient en général en avril, mais cette année, comme je vous l'avais indiqué dans mon dernier post, El Niño a été très intense et a rallongé la durée de la saison sèche (depuis mi décembre). Début mai, le tiran d'eau maximum des bateaux pouvant passer les écluses du canal a encore dû être réduit, le niveau du canal affichant un déficit de 1,5m par rapport à la normale.

Avril est aussi marqué par la semaine sainte, semaine de vacances pour la plupart des écoliers (sauf nos écoliers du lycée francais français qui ont eu leurs vacances après, comme les parisiens). Le vendredi saint est férié. Dans ce pays très catholique, il y avait de nombreuses processions dans tout le pays et à Panama City aussi évidemment, avec des reconstitutions très réalistes du chemin de croix (un peu trop à mon goût). Les églises étaient très fleuries.

Et voilà que la pluie semble être enfin revenue ces jours-ci. "A nous les douches toutes habillées sous les trombes d'eau!" se réjouissent mes filles. A 13h, le ciel se couvre et se charge, puis se déchire dans un fracas tel que les orages alpins peuvent aller se rhabiller. Les pelouses reverdissent du coup très rapidement. Un autre phénomène assez triste est que l'on voit, avec ces premières pluies, des rivières chargées de déchets qui ont été jetés dans la nature ou issus de décharges sauvages. Des barrières flottantes ont cependant été installées depuis 2018 pour minimiser le phénomène, mais il y a encore un grand chemin à faire ici pour la gestion des déchets et le recyclage (quasi inexistant).

Barrière anti-déchets sur une rivière

Mai, c'est aussi le mois de la fête des mères. On l'avait déjà fêté le 8 décembre (date officielle au Panama), mais comme il y a beaucoup d'expats, rebelotte, on a droit aux promos car le 8 mai c'est la fête des mères aux USA, aux Pays-Bas, au Venezuela, en Colombie, etc...Et dire qu'il faudra remmettre cela le 26 mai prochain pour la date française. En revanche, je n'ai pas encore vu de fête des pères depuis qu'on est arrivés.... Quelle injustice!

Enfin ce mois-ci, ont eu lieu les élections nationales le 5 mai dernier. En plus de nombreux conseillers, députés et maires, les panaméens ont élu un nouveau président Laurentino "Nito" Cortizo, social-démocrate, qui après s'être présenté plusieurs fois a fini par l'emporter de justesse pour 5 ans de mandat avec 33% des voix. Un vote plutôt par dépit et pour marquer le mécontentement de la population face au président sortant (Juan Carlos Varela) qui n'a semble-t-il pas fait grand chose à part attribuer plusieurs grands projets d'infrastructures aux Chinois, ce qui n'a pas trop plu aux Etats-Unis. Le président qui l'avait précédé (Ricardo Martinelli) avait lancé la ligne 2 du métro et le 3eme pont sur le canal (cela ne l'a malgré tout pas empêché d'aller en prison...). Dimanche dernier était donc un jour sans alcool, comme le veut la Ley Seca (la loi sèche), ce qui était une bonne chose car beaucoup de gens rentraient en voiture voter dans leur circonscription d'origine. Le lundi 6 mai, il n'y avait du coup pas école (je n'ai pas réussi à déterminer si c'était pour nettoyer les écoles où avaient eu lieu les votes ou pour laisser aux électeurs le temps de cuver leur victoire...).

NIto_Cortizo

 

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17 avril 2019

Découverte des nouvelles écluses d'Agua Clara - Canal de Panama

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Bonjour à tous! La semaine dernière, nous sommes allés visiter les nouvelles écluses d'Agua Clara, mises en service côté Pacifique fin juin 2016 après 9 ans de travaux. Avec 40 000 ouvriers internationaux, le récent élargissement du canal a été considéré comme un des plus grands chantiers d'ingénierie et de construction depuis 100 ans. 

Je vais donc en profiter pour vous parler un peu du canal tel qu'il est aujourd'hui, en m'attardant surtout sur les écluses (ca fait déjà un sacré morceau, et je vais simplifier, mais il y a quand même des hydrauliciens qui lisent, il faut que je les contente...). Je vous parlerai de l'histoire passionante du canal dans un autre épisode.

On va commencer par une petite carte (en plus, elle est en français!) :

Panama_Canal_Map_FR

Sur cette carte (crédit Wikipedia), vous pouvez voir aussi le profil en long en bas, pour vous donner une idée des secteurs de cordillière où les américains en ont bien bavé pour construire ce beau canal de 1904 à 1914.

Mais ce qui nous intéresse pour le moment, c'est le passage emprunté par les bateaux (en rouge) pour passer de l'Atlantique au Pacifique ou l'inverse. La traversée fait environ 80 km. Un bateau qui arrive côté Pacifique attend d'abord son tour, souvent réservé un an à l'avance, puis est pris en charge par les pilotes de l'ACP (Autorité du Canal de Panama). Il commence par passer les écluses du Pacifique, soit 3 chambres successives, comme des ascenceurs à eau, lui permettant de monter par marche de 8 m environ jusqu'au niveau du lac Gatun. Puis, une fois le passage tortueux de la Coupe Gaillard (ou Corte Culebra) et le lac Gatun traversés en pleine jungle, il arrive aux écluses côté Atlantique. Il redescend alors par 3 chambres jusqu'au niveau de la Mer des Caraïbes. La dénivelée globale est de 25,9 m côté Atlantique et varie entre 22,6 et 29,2 m côté Pacifique (en fonction de la marée). (Ci-dessous, ce sont les chambres de l'écluse d'Agua Clara avec un bateau sortant du Canal pour rejoindre l'Atlantique)

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Depuis 1914, date de mise en service du canal construit par les Etats-Unis, les bateaux passaient par les deux jeux d'écluses parallèles des écluses initiales (Pedro Miguel et Miraflores côté Pacifique et Gatun côté Atlantique). Celles-ci avaient été dimensionnées pour lesPanama_Canal_Gatun_Locks_opening plus gros bateaux de l'époque, dont la catégorie fut dénommée Panamax. Chaque chambre fait 33,53m de large et 320m de long. Les portes des écluses ont une forme de V (portes busquées) et sont doublées par sécurité. Ci-contre vous pouvez voir ces écluses d'origine qui sont donc toujours en fonctionnement.

Chaque chambre des écluses d'origine nécessite 100 000 m3 d'eau pour la remplir et cette eau provient toujours du lac Gatun (et il y a 6 chambres à passer). Le volume d'eau disponible dans ce lac est donc le point faible guidant la quantité de bateaux que l'on peut faire passer par jour (au delà du temps de manoeuvre des écluses). Petite démonstration : Chaque chambre peut se remplir en 8 minutes. Cela permet en théorie de faire passer une quarantaine de bateaux par jour (20 dans chaque sens). Actuellement du fait de la sécheresse, il ne passe qu'une quinzaine de bateaux par jour afin d'économiser l'eau du lac Gatun pour tenir jusqu'au retour de la saison des pluies. Cette année, le phénomène El Niño est en effet très fort et la saison sèche se prolonge plus longtemps que d'habitude au Panama ; on pense retrouver la pluie mi-mai et remplir donc à nouveau les réserves.

Ces problèmes d'eau, l'augmentation du tonnage et de la taille des bateaux commerciaux, la concurrence avec le canal de Suez et la manne assurée par ce transit très rentable, incitèrent fortement le gouvernement panaméen à décider l'élargissement du Canal ("La ampliacion del Canal") en 2006. Une fois approuvé par référendum, les travaux furent attribués à un consortium belge-italien-espagnol-panaméen en 2007. Ainsi, commença le chantier, 30 ans après la signature historique du traité Torrijo-Carter qui devait voir les Etats-Unis rétrocéder le canal au Panama le 31 décembre 1999 .

Les travaux consistèrent à créer un troisième passage, via la construction d'un 3ème jeu d'écluses, à approfondir le lac Gatun (pour augmenter les réserves d'eau), relever son niveau de 45 cm et élargir le passage étroit du Corte Culebra. Les nouvelles écluses furent inaugurées en juin 2016 (peu de temps après le centenaire de l'ouverture du canal donc pour ceux qui suivent). Ainsi les nouvelles écluses d'Agua Clara que nous avons visitées côté Atlantique, permettent de réutiliser 60% de l'eau nécessaire au remplissage des chambres (grace à des bassins de récupération), et autorisent le passage de post-Panamax, navires pouvant mesurer jusqu'à 366 m de long et 49 m de large, capables de transporter jusqu'à 14 000 conteneurs, soit quasi 3 fois plus que les Panamax concus pour transporter 5000 conteneurs maximum (et qui ne faisaient "que" 320 m de long et 33 m de large). Les nouvelles écluses comportent aussi des portes coulissantes doublées (pour la maintenance sans arrêter l'utilisation du canal) qui s'ouvrent et se ferment en quelques minutes.

Ci-dessous quelques photos aériennes de ces nouvelles écluses, accompagnées de photos montrant la fabuleuse biodiversité autour de ce canal.

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Le nouveau canal, sans pour autant augmenter la quantité de bateaux le traversant (problème de croisement dans le passage étroit de Corte Culebra), permettra d'en tripler le tonnage en transit.

Mais surtout, il permettra le passage des navires transportant du gaz de pétrole liquéfié, produit en grande quantité par les États-Unis, qui étaient trop grands pour le canal initial. Ces bateaux pourront dorénavant se rendre plus rapidement et à moindre coût du golfe du Mexique vers le grand marché asiatique.

Ci-dessous les bateaux qui peuvent dorénavant passer le canal élargi.

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Côté finances, le cout du passage pour un bateau commercial peut varier de 300 000 $ à beaucoup plus en fonction de l'anticipation de la réservation, de la taille du bateau et en fonction des écluses utilisées (les originales ou les nouvelles à bassins de récupération d'eau). Le canal représente le principal moteur de l'économie panaméenne générant 4,5% du PIB et plus de 33% si on prend en compte les retombées indirectes telles que le tourisme et les activités logistiques et portuaires.

Le Panama touche actuellement un bénéfice net de 1 milliard de $ par an. Le cout de construction a approché les 6 milliards de $, donc un retour sur investissement très rapide à espérer. Et pour les bateaux comerciaux, le calcul est vite fait entre attendre quelques jours son passage et payer cette "modique" somme, ou passer par le cap Horn en une quinzaine de jours avec tous les risques de perdre leur cargaison...

La compétition continue avec le Canal de Suez, mais le canal de Panama a de beaux jours devant lui, et dire que ça fait 500 ans que ce passage est stratégique...

 

Et voilà pour aujourd'hui!

Pour ceux qui veulent une coupe géologique du profil en long, il y en a une ici : https://www.loc.gov/resource/g4872p.pcc00003/

Je complète avec les travaux et quelques photos du film vu lors de notre visite à Agua Clara. 

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 Et pour ceux qui veulent en savoir encore plus sur les travaux et la mise en eau, j'ai trouvé un article très détaillé : http://www.sagapanama.fr/2016/04/inauguration-du-troisieme-jeu-d-ecluses-du-canal-de-panama-le-26-juin-2016.html

5 avril 2019

Jeu de piste au Casco Viejo

Samedi dernier, avec d'autres familles françaises, nous avons fait un jeu de piste de 2h dans le Casco Viejo ou Casco Antiguo (le "Vieux casque"). L'occasion de vous parler de ce magnifique quartier, centre historique de Panama Ciudad, dont nous avons parcouru les ruelles très agréablement à pied. Ce post aurait pu aussi bien rentrer dans la catégorie "Minute culturelle", mais comme c'est un quartier qui se savoure (et que ca vous prendra probablement plus qu'une minute), je l'étiquette en "Escapade en famille".

Ici, tout est un subtil mélange et une superposition savante d'Espagne, de France, d'ancienne Amérique et de Panama récent.  

 Initialement, ce n'est pourtant pas là que le conquistador Pedro Arias Davila fonda la ville de Panama Ciudad le 15 août 1519. Premier établissement européen sur la côte pacifique suite à la découverte des Mers du Sud (L'Océan Pacifique) par les espagnols en 1513, le site initial (Panama Viejo = vieux Panama, environ 7,5 km au nord-est du Casco Viejo) consistait en un petit village d'une centaine de pêcheurs. Mais il devint rapidement une tête de pont stratégique pour l'exploration et la conquête de la région du Pérou et un point de transit pour l'or et l'argent à destination de l'Espagne.

Panama el camino real004A cette époque, pas encore de canal! Toutes les richesses rejoignaient le Pacifique depuis le Pérou, étaient chargées sur des bateaux qui rejoignaient Panama, puis, de là, étaient transportées en caravane terrestre (par le Camino Real = chemin royal ou par le Camino de Cruces=Chemin de croix) pour passer l'isthme de Panama avant de traverser l'Atlantique en bateau pour rejoindre l'Europe. Ce trajet était bien plus court et bien moins périlleux que de passer le Cap Horn.  

Mais bon revenons au Casco ! La prospérité de la ville de Panama devint l'objet de Le Pirate Morgan veille encore...nombreuses convoitises des pirates. Après 152 ans de service, la vieille ville fut pillée, sacagée et presque entièrement détruite en 1671 par le pirate gallois Henry Morgan à la tête de 1 200 hommes. Après ce pillage et l'incendie qui suivit, les Espagnols décidèrent de déplacer la ville dans sur une pointe rocheuse mieux protégée et plus saine qui deviendra l'actuelle ville de Panama, quelques kilomètres plus loin : C'est ce nouveau site qui constitue le Casco Viejo. Les ingénieurs militaires  espagnols tirèrent ainsi parti à la fois d'un site rocheux propice à des fortifications, ce qui rendait la ville imprenable par la mer, et à un accès à l'eau douce par la proximité de l'embouchure d'un fleuve devenu finalement l'entrée du canal de Panama.

 Le casco Viejo et au fond, l'entrée du Canal de PanamaPlan_ancien_Casco

Peu à peu, ce quartier vit une urbanisation réfléchie mais grandissante et l'installation de nombreux batiments publics d'importance, d'abord ceux de l'époque coloniale espagnole avec ses maisons, ses églises très nombreuses, ses cafés ; puis à la fin du XIXeme - début du XXeme s., ceux de l'administration française (venue tenter de construire le canal de Panama) avec notament le Grand Hotel (lieu actuel du musée du canal), ensuite  ceux de l'administration américaine (dont la National City Bank pour financer le canal) venue réaliser avec succès le canal actuel avec des écluses. Aujourd'hui le Casco abrite les principales institutions panaméennes en particulier le palais présidentiel (Palacio de las garcas). 

 

 Le Palacio de las Garcas de nos jours20190330_110656

En parcourant les nombreuses places du "Casco", j'ai été particulièrement :

La statue du Libertador : Simon Bolivar

...étonnée de voir la statue de Simon Bolivar, le libérateur, sur la place du même nom. C'est qu'il avait imaginé placer la capitale de son empire à Panama Ciudad qu'il avait décelée comme stratégiquement parfaite à la croisée des 2 Amériques. Et par ailleurs que le Panama faisait partie des pays qu'il avait conduits à l'indépendance (Bolivie, Colombie, Équateur, Panama, Pérou et Venezuela).Vue du centre ville depuis la Plaza de Francia

...touchée par les marques de reconnaissance à la France, à laquelle une magnifique place est dédiée face à la mer (la Plaza de Francia). Un obelisque de 18 m surmonté d'un coq rend hommage à tout ce que la France avait mis en place lors de l'essai de construction du canal : hôpitaux, découverte de la fièvre jaune, magasins, beaux immeubles, hôtels et permis finalement aux américains de ne pas refaire les mêmes erreurs.Le Quiscale ou Talingo, oiseau très commun

...intriguée par la quantité de petites places historiques que recèle le quartier,

...rêveuse d'apprendre que la découverte du Pacifique par Vasco Nuñez de Balboa avait fêté il y a peu ses 500 ans en 2013,

...amusée par le nom du plus ancien café de Panama : la café Coca Cola construit en 1875,

...ébahie par le temps de construction de la cathédrale de Panama Ciudad (108 ans de 1688 à 1796!),

20190330_103943...optimiste avec une teinte d'inquiétude sur l'avenir du quartier qui est en réfection mais subit aussi une forte pression urbanistique. Depuis 1997, il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce qui tend à le protéger et je vous invite vivement à aller lire la fiche bien détaillée correspondante pour en savoir plus : https://whc.unesco.org/fr/list/790

...toujours aussi subjuguée par la beauté du site, étincelant face à la baie de Panama. Nous allons 20190330_104446régulièrement nous y promener avec les enfants qui ont beaucoup aimé cette visite (et surtout les raspados de Don Julio à la fin!)

 

 

26 mars 2019

Mars 2019...comme un air de printemps

Mars est un mois bien agréable par ici et tout est en effervescence.

Mars2019_Comme-un-printemps_Nature2

C'est la rentrée des classes pour tous les panaméens et les magasins fleurissent de cahiers, stylos et cartables. Le calendrier scolaire panaméen suit celui de l'hémisphère Sud : les bus scolaires jaunes (colegial) ont repris du service et les petits écoliers en uniformes sont repartis pour un tour de mi mars à mi décembre. En revanche les écoles internationales (comme l'école française) suivent plutôt le calendrier de l'hémisphère Nord avec une rentrée en septembre et des grandes vacances juillet-août. Cela donne une impression d'année scolaire globalement toujours en cours...

Mars2019_Comme-un-printemps_Rentrée

Mars c'est donc que le "Verano" (été) panaméen, la saison sèche, les grandes vacances en somme, commencent à toucher à leur fin. Profitons encore un peu de cette saison douce qui court depuis mi-décembre : des journées chaudes et ensoleillées (33 -35 °) avec pas mal de vent raffraichissant. Les panaméens en profitent pour sortir les glacières sur la plage et près des nombreuses rivières. 3 mois qu'il n'a quasiment pas plu une goutte ! Le niveau du canal affiche -3m. Les jardins sont tout dessechés, une partie des arbres a perdu ses feuilles en janvier, un peu comme un automne chaud car c'est le soleil écrasant qui les as séchées sur place et pas le froid.  Mais le paysage général reste très vert, la nature est juste un peu en vacances...Mais ça y est, depuis quelques semaines, on sent que ça se réveille : les feuilles ont rejaillit et les fleurs sont de plus en plus nombreuses sur les arbres de la forêt et dans les jardins. Cela colore ce vert si intense presque étouffant. Le ciel se charge dans l'après-midi et on sent que l'air redevient plus humide. Les fruits commencent à murir sur les arbres, comme sur les magnifiques manguiers que l'on croise un peu partout.

Mars2019_Comme-un-printemps_Nature1

Mars c'est aussi le mois du carnaval (le 6 mars est férié à cette occasion). Comme dans toute l'Amérique Latine, il est très fêté ici avec bandas (groupes de musiciens qui suivent les défilés), déguisements et souvent beaucoup d'alcool. A l'école, les enfants ont passé beaucoup de temps à le préparer. On s'arrose aussi beaucoup car il fait très chaud et les maillots de bains sont fortement recommandés. Ca nous change des carnaval sous la neige! Dans la même ambiance de fête, beaucoup d'écoles internationales font leurs kermesse à cette époque (parce qu'il ne pleut pas), et en profitent pour le faire le jour de l'international Day (23 mars).

Mars2019_Comme-un-printemps_Kermesse_Carnaval

Et puis Mars, c'est le mois de la francophonie : Beaucoup de spectacles ou films sont proposés, en particulier dans notre quartier très international. Cela ouvre aussi la nouvelle programmation annuelle des musées et théâtres, et la saison sportive. 

Mars c'est enfin l'époque où beaucoup d'expats apprennent leur future destination...Il y a ceux qui restent encore et ceux qui vont partir...C'est comme le président et un bon nombre de représentants : la campagne électorale vient de commencer et le scrutin aura lieu le 5 mai prochain en même temps que l'élection de 861 personnes (députés, maires, conseillers et représentants dans tout le pays). 2,7 millions de personnes sont appelées aux urnes (sur une population de 4,5 millions).

 

22 mars 2019

Quelques bases géographiques...

Pour tout vous dire, je ne savais pas grand chose de ce pays avant d'arriver ici, mais je m'améliore...

C'est le pays d'Amérique Centrale le plus au sud, niché entre la Colombie et le Costa Rica. "Il a une forme de vague" me dit ma fille ainée très artistiquement... avec une petite péninsule "en forme de verrue" me dit mon autre fille très physionomiste. Le canal est en plein milieu, là où le passage est le plus étroit.

Toute son histoire géologique, botanique, faunistique, démographique, historique, culturelle etc. est marquée par son positionnement de terre de passage entre l'Amérique du Sud et l'Amérique du Nord et entre l'Océan Atlantique (ou plutôt la Mer des Caraïbes) et l'Océan Pacifique. Au fil des posts, vous verrez à quel point cette image est l'essence même de ce pays. Carte_Panama_Planisphere

Si on le compare à la France, c'est un pays assez petit. Pour vous donner une idée de sa taille, je l'ai positionné sur la bande Auvergne-Rhone-Alpes car c'est ma région d'origine. ThetrueSize_Panama-France

Cela vous permet de voir qu'il est orienté Est-Ouest dans sa longueur. La Panaméricaine (route principale sur la carte) est en bon état et traverse quasiment tout le pays excepté à l'Est au niveau de la jungle du Darien à la frontière avec la Colombie. Mais c'est quand même plus long de traverser le pays que de faire Bordeaux-Grenoble en voiture.

En largeur Nord Sud, c'est beaucoup plus rapide ! En voiture, il faut une petite heure pour aller de Panama Ciudad (sur la côte Pacifique) à Colon, la ville portuaire actuelle côté Caraïbes. Ca nous laisse le choix pour les plages le week-end!

 Je vous parlerai du relief et des rivières plus tard, mais évidemment, ça nous change de nos montagnes de Belledonne.

14 mars 2019

Bienvenidos !

IMG-20181031-WA0029Et voilà! Déjà 6 mois que nous sommes au Panama et il est temps de vous faire partager cette tranche de vie en Amérique Centrale. J'espère que vous apprécierez ma plume et que vous n'hésiterez pas à me proposer des sujets qui vous intéressent et sur lesquels je pourrai vous renseigner. En attendant, je vous laisse découvrir au fil des jours les rubriques que j'ai envie de partager avec vous.

Bon voyage... 

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Une tranche de vie au Panama
  • Me voilà au Panama en famille pour quelques années. Je vous invite à découvrir avec moi ce petit pays au delà de son canal et de ses papers, ainsi que les joies (et difficultés) de l'expatriation.
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